Cession de parts sociales : quelles sont les obligations des associés ?

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Cession de parts sociales : quelles sont les obligations des associés ?

La cession de parts sociales peut radicalement transformer la dynamique interne d’une société. Lorsqu’un associé décide de céder tout ou partie de ses parts, cela soulève des enjeux cruciaux tant pour le cédant que pour les autres associés. Cette opération complexe nécessite une compréhension précise des droits et obligations qui en découlent pour l’ensemble des parties prenantes.

Quelles sont les conditions à respecter pour céder des parts sociales ?

La cession de parts sociales d’une société, qui correspond à la transmission par un associé (le cédant) des droits sociaux (parts sociales) dont il était titulaire à un acquéreur (cessionnaire), est conditionnée au préalable par plusieurs éléments. En premier lieu, il convient de se référer aux statuts de la société. Il est en effet fréquent que ces derniers prévoient les modalités de cession des parts. Les statuts peuvent ainsi comporter des clauses particulières telles que des conditions d’agrément, ou parfois même interdire la libre cession des titres.Sauf dispositions contraires dans les statuts, les parts sociales sont librement cessibles entre associés et sans agrément.Précision : En cas de mariage sous le régime de la communauté ou PACS, l’agrément du conjoint est nécessaire pour valider la cession.

En second lieu, il est important de vérifier que la cession ne constitue pas une infraction aux règles légales en vigueur. Par exemple, dans une SARL (Société à Responsabilité Limitée), les parts sociales ne peuvent être cédées à un tiers non associé qu’après avoir préalablement obtenu l’agrément des autres associés. Cette règle vise à protéger la composition de l’actionnariat et à garantir une certaine stabilité au sein de la société.Les sociétés concernées sont également les SNC et SCS. Dans ces trois cas, le transfert de propriété a lieu dès l’accord intervenu entre les parties mais peut être encadré par l’agrément.L’intuitu personae, qui correspond à l’importance attachée aux caractéristiques propres d’une personne dans telle ou telle relation contractuelle, joue un rôle fondamental dans la cession de parts sociales.

Enfin, il convient également de souligner que la cession de parts sociales doit obligatoirement être réalisée par écrit. Doit ainsi être rédigé un acte de cession formalisant l’accord intervenu entre le cédant et le cessionnaire. Cet acte sera notamment amené à mentionner le nombre de parts cédées, le prix fixé pour cette opération mais également toutes les conditions particulières auxquelles les parties sont convenues d’assujettir leur transaction.Dans les sociétés civiles, les différentes logiques qui président aux cessions suivent celles existant entre autres dans les SNC et SCS. De plus rappelons que en matière de droit social, même si la cession concerne deux associés mariés ou pacsés, elle n’est pas considérée comme une opération familiale et demeure soumise à agrément.

Les procédures d’agrément et les délais qui y sont associés

Lorsque la cession de parts sociales est soumise à agrément, il est essentiel de suivre les procédures prévues par les statuts de la société et par la loi. En général, la procédure s’ouvre avec la notification du projet de cession aux associés. Cette notification est obligatoire. Elle doit être effectuée dans un délai de 8 jours pour permettre la convocation d’une assemblée générale, et elle doit comporter toutes les indications utiles : identité du cessionnaire proposé, conditions de la cession, etc.

À compter de cette notification, les associés disposent d’un délai (généralement trois mois) pour se prononcer sur l’agrément. Ils peuvent accepter ou refuser la cession dans ce délai. Le fait que les associés ne répondent pas pendant ce délai équivaut le plus souvent à un agrément tacite de la cession, surtout si aucune assemblée générale n’est convoquée pour statuer sur l’agrément au cours des trois mois qui suivent la notification. Toutefois, il convient de vérifier les statuts pour connaître les règles spécifiques qui s’appliquent à votre société. Selon la forme sociale et selon le bénéficiaire (conjoint, ascendant, descendant, associé ou tiers), les règles d’agrément diffèrent en effet. La cession de parts sociales à un tiers à la société nécessite généralement le consentement de la majorité des associés (plus de 50 %).

En cas de refus d’agrément, les associés peuvent proposer au cédant un rachat des parts par un autre associé ou par un tiers agréé. Si aucune solution n’est trouvée dans un délai raisonnable, le cédant peut parfois demander une décision judiciaire afin d’obliger ses coassociés à procéder à l’agrément. Ce recours est cependant difficile à mettre en œuvre.

Cession de parts sociales : quelles sont les obligations des associés ?

Les formalités et obligations légales

Bien que l’agrément ait été délivré, plusieurs formalités légales doivent encore être accomplies pour finaliser la cession de parts sociales. Toute cession de parts sociales d’un montant supérieur à 1 500 € doit faire l’objet d’un acte écrit, qu’il soit authentique ou sous seing privé. Cet acte de cession devra comporter certaines mentions indispensables : noms des parties, identité de la société, nombre de parts cédées, prix de cession, etc.De plus, si votre société est composée de moins de 250 salariés, réalise un chiffre d’affaire annuel ne dépassant pas 50 millions d’euros et que vous vendez plus de 50 % du capital, vous êtes dans l’obligation d’informer les salariés. Ces derniers doivent être prévenus deux mois avant la vente, au risque de sanction pouvant aller jusqu’à des dommages-intérêts représentant 2 % du montant de la vente.

L’acte de cession doit ensuite être enregistré auprès du service des impôts dans un délai d’un mois. Cette étape officielle rend la vente opposable aux tiers. L’enregistrement sera en principe soumis à des droits d’enregistrement s’élevant à 3 % du prix de cession, avec un abattement de 23 000 €. Par la suite, la société devra mettre à jour l’ensemble des registres sociaux pour refléter la nouvelle répartition des titres dans son capital social. Il s’agit notamment du registre des mouvements de titres et du registre des associés.Vous devrez également convoquer une assemblée générale extraordinaire (AGE) afin d’entériner la modification statutaire consécutive à la cession de parts sociales.Enfin, vous publierez une annonce dans un journal d’annonces légales (JAL) afin que le public soit informé d’une modification éventuelle dans l’actionnariat de votre société. Cette publicité est nécessaire pour garantir la validité de votre transaction puisqu’elle est exigée par certaines juridictions.La importance des formalités et de cette publicité est capitale pour assurer l’opposabilité de la cession aux tiers.

Quelles sont les implications fiscales de la cession ?

La cession de parts sociales peut avoir des conséquences fiscales significatives tant sur le cédant que sur le cessionnaire. Concernant le cédant, la plus-value réalisée lors de la cession des parts est en principe imposable au titre de l’impôt sur le revenu, au taux forfaitaire (30 %) ou selon le barème progressif de l’impôt, en fonction du choix opéré par le contribuable. Le montant de cette plus-value est déterminé en fonction du prix de cession et du prix d’acquisition des parts, avec un abattement possible pour les titres détenus depuis plus de 8 ans, ce qui peut grandement alléger la fiscalité applicable.

Quant au cessionnaire, l’acquisition des parts peut également avoir des incidences fiscales notamment au regard de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) si son patrimoine global dépasse certains seuils. Il est donc important d’évaluer l’impact fiscal de l’opération transactionnelle avant d’acte. Il peut par ailleurs être judicieux de prendre contact avec un conseiller fiscal afin d’optimiser la fiscalité applicable à la cession de parts sociales. Ce dernier sera à même d’apporter des éléments adaptés à la situation respective des parties et ainsi proposer des solutions permettant de réduire l’impact fiscal sans pour autant contrevenir aux règles en vigueur.

A noter que les principales implications fiscales liées à la cession de parts sociales sont les suivantes :

  • Le cédant doit déclarer la plus-value réalisée lors de la cession dans sa déclaration d’impôt sur le revenu.
  • La plus-value est calculée en soustrayant le prix d’acquisition des parts au prix de cession.
  • Des abattements peuvent s’appliquer en fonction de la durée de détention des parts.
  • Le taux d’imposition de la plus-value peut être de 30 % ou suivre le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
  • Le cessionnaire doit également déclarer l’acquisition des parts dans sa déclaration d’impôt sur le revenu.
  • Si le patrimoine global du cessionnaire dépasse certains seuils, il peut être soumis à l’ISF.

Il est donc nécessaire d’évaluer les conséquences fiscales potentielles que pourrait engendrer une telle opération avant sa finalisation. Vous pouvez également faire appel à un conseiller fiscal pour vous accompagner dans cette démarche et déterminer les meilleures solutions envisageables afin d’optimiser la fiscalité applicable à votre opération.

Quelles conséquences pour les parties ?

Pour le cédant, la cession de parts sociales constitue généralement une chance de réaliser un profit, ou de se retirer d’une activité. Mais cela peut également rimer avec la perte de certains droits (de vote, de distribution des dividendes futurs…). Il est cependant possible d’intégrer une clause de garantie d’actif-passif pour protéger le cédant en cas de découverte de dettes postérieures à la cession, ce qui est important lors du transfert de l’actif et du passif de la société.

Pour le cessionnaire, l’acquisition des parts sociales peut être l’opportunité de prendre part plus activement à la gestion de la société, voire d’influencer sa stratégie. En revanche, cette acquisition entraîne également une série de responsabilités : participation aux décisions collectives et respect des différentes obligations légales comme associé. La question du consentement des parties est donc primordiale : erreur, dol, violence… sont autant de vices susceptibles d’entacher la validité de la cession.

Enfin, pour la société, la cession de parts sociales peut avoir un impact sur la gouvernance et l’organisation interne. Il est donc essentiel que toutes les parties concernées mesurent les effets d’une telle opération et agissent en faveur d’une transition harmonieuse et bénéfique pour l’ensemble des associés.